Un café dans une brouette

Un nom et des idées plein la tête, un beau matin ensoleillé de septembre, nous sommes partis avec nos deux brouettes, nos tabliers et nos chapeaux sur la tête !

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Nous avons déambulé tout un dimanche dans une petite ville dans laquelle c’était jour de fête, avec à notre tête un petit garçon criant : « La Fabrik’, demandez le programme ! » Nous avons invité les gens à boire un thé, un café ou un jus de pommes à la brouette-bar, tandis que petits et grands « fabrikaient » un bonhomme avec tout le petit matériel proposé dans la brouette Brikol’ ! Nous avons ouvert un espace de convivialité au détour d’une rue, au milieu de la foule… De nombreuses personnes se sont arrêtées, d’abord par curiosité, puis intéressées et séduites par l’idée, avec l’envie de participer à ce projet.

Un espace recréé tous les mois

Depuis, le café culturel pour les enfants de 0 à 16 ans et leurs familles ouvre un week-end par mois dans la salle des fêtes de notre village, mise à disposition par la mairie.

IMG_4801Un nouveau défi : la transformation d’une salle des fêtes en un café beau et chaleureux, où chacun, quel que soit son âge, se sente accueilli. Avec peu de moyens et beaucoup d’ingéniosité, c’est chose faite ! Des palettes formant une palissade et permettant de créer un coin peinture et un coin dessin, une tonnelle avec des rideaux, des tapis et des coussins pour l’espace-jeux, un bar, des nappes, de la couleur et de la bonne humeur, et le tour est joué ! Le vendredi soir, avec l’équipe des Zaktifs (les bénévoles de l’association), nous chargeons le camion, installons, vissons, décorons… Puis, le samedi matin, nous ouvrons à 10 h… Tout le week-end, les enfants et les familles viennent et profitent de ce lieu où l’on se sent bien. Parfois on vient juste pour voir et on reste toute la journée, et parfois même on revient le lendemain avec des copains ! Chacun joue, peint, dessine, mange quand il veut. Chacun est libre de participer aux ateliers proposés, un peu, beaucoup ou pas du tout. Souvent, on se balade en chaussettes, comme à la maison ! On vient en famille, entre amis ou tout seul. On peut servir au bar, faire la vaisselle, préparer le goûter… Puis, le dimanche soir, c’est le moment de ranger avant de tout retrouver le mois suivant !

IMG_3774Côté café, on trouve des plats bios et végétariens avec un brunch le dimanche, des gourmandises et des boissons. Et en parallèle, il y a un espace cosy pour les tout-petits : sous une tonnelle, avec des jeux, des tapis, des tentes pour se cacher…, un coin peinture qui ne désemplit pas, un coin dessin, des jeux de société, des grands jeux en bois, des déguisements… Et un programme qui varie chaque mois : salsa, éveil musical, hip-hop, yoga parent / enfant, chant en famille, boum « ados »…

Une idée née d’un besoin profond

A la naissance de mon premier enfant a commencé une prise de conscience profonde en même temps qu’une longue traversée du désert… Personne autour de moi ne concevait l’éducation de mes enfants sous le même angle que moi. J’ai connu l’isolement dont la plupart des jeunes mamans font les frais, avec des journées entières passées en la seule compagnie de mon bambin qui, victime de mon mal-être, faisait colère sur colère. L’épuisement me consumait de jour en jour, j’étais de plus en plus éloignée de la mère attentive et bienveillante que je voulais être pour lui.

Puis, en discutant avec d’autres parents de jeunes enfants, j’ai réalisé à quel point ce sentiment d’isolement était présent chez nombre d’entre nous. Il y avait un réel besoin pour nous, les parents, d’avoir un lieu où nous rencontrer, échanger, être avec nos enfants, quitter le quotidien quelques minutes, quelques heures.

Force était de constater que les enfants, eux non plus, n’avaient pas à leur disposition un espace où ils étaient libres de s’exprimer, de penser, d’être eux-mêmes. Un lieu où l’on attend rien d’eux sinon qu’ils soient des enfants. Consciente de ces besoins, je rêvais d’un lieu chaleureux où chacun, enfant ou adulte, avec son histoire, serait accueilli inconditionnellement.

J’ai découvert que le lieu rêvé existait. Le Cafézoïde, premier café culturel pour les enfants et leurs familles, existait depuis une dizaine d’années à Paris, et d’autres cafés des enfants avaient vu le jour dans plusieurs villes de France. Nous sommes donc montées à la capitale pour rencontrer Anne-Marie Rodenas, la présidente du Cafézoïde, à l’occasion d’une réunion de porteurs de projet qu’elle avait initiée. Ce fut un moment inoubliable, une rencontre qui marque à vie : quelqu’un mettait des mots sur ce que nous avions imaginé et ressenti, et avait elle-même réalisé ce rêve, ouvert ce café où elle aurait aimé aller étant petite !

IMG_4250Trois ans ont passé et ce projet ne m’a pas quittée un instant… J’en ai parlé autour de moi, plusieurs personnes y ont porté un grand intérêt et m’ont permis de me lancer. L’association La Fabrik’ a été créée en juillet 2014, et depuis tout s’est accéléré.

La prochaine étape est de proposer des soirées-jeux, des conférences et des groupes de parole autour de la parentalité positive, ainsi qu’un moment d’accueil en semaine. Puis l’étape suivante sera de disposer d’un local où nous installer pour ouvrir cinq jours par semaine et créer un ou plusieurs emplois.

Et oui, jamais je ne m’arrêterai de rêver ! Et pour cause, les rêves, quand ils ne nous quittent pas, deviennent réalité !

Article publié dans le magazine PEPS n°10 – Rubrique « Initiative originale »